Formation alpinisme dans la région d’Oryn/Trient

Ce weekend, c’était direction la région d’Orny/Trient pour 4 jours de formation de base en alpinisme. Au programme, nous verrons tous les éléments qui permettent à une cordée de progresser en sécurité sur le rocher et sur la glace. Le but ultime étant de viser l’autonomie pour une cordée sur des courses d’alpinisme relativement faciles. 
 
Les alentours de la cabane d’Orny se prêtent bien à la formation sur rocher, tandis que ceux de la cabane de Trient sont parfaits pour la formation en glace.

Les alentours de la cabane d'Orny se prêtent très bien à l'apprentissage des courses en rocher.

Le premier jour, nous commençons par la partie rocher, et nous abordons les thématiques suivantes: En guise d’introduction, nous voyons le maniement de corde, c’est-à-dire les différentes manière des s’encorder, comment faire une réserve de corde, comment assurer de manière simple et efficace. 

J’explique aux participants les différentes phases de la progression sur une arrête en rocher, à savoir:

Phase 1: la corde courte
Phase 2: les longueurs statiques
Phase 3: les micro-longueurs

Phase 4: les longueurs

Cette structure de base sera au cœur de ces 4 jours de formation, et permettent vraiment d’avoir une ligne rouge pour bien comprendre la progression sur une arrête en toute sécurité. 
L'assurage simple et efficace est une condition sine qua non pour progresser de manière sécurisée sur une arrête en rocher.

Les participants pratiquent ensuite la progression en corde courte au milieu des blocs de rocher. Ils doivent se familiariser avec cette pratique qui est exigeante et loin d’être évidente, contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord. Le maniement de la corde courte est au coeur de la progression sur les arrêtes, elle permet à une cordée de se déplacer de manière efficace et sécurisée sur les sections faciles. 

Nous abordons également les différentes manières de construire un relais, que ce soit sur équipement déjà présent sur le rocher (spits, pitons) ou à l’aide de friends et de coinceurs. L’assurage sur béquets est également abordé, qui permet d’être efficace tout en étant très rapide. Il est typiquement utilisé lors de la phase 2 de la progression.

 

L'assurage en rocher, savoir poser ses protections, le choix de l'itinéraire. Autant d'éléments qui s'apprenent et se pratiquent.

Le deuxième jour, nous faisons la partie de la formation sur glace/neige. C’est l’occasion d’aborder les thèmes suivants: tout d’abord, l’utilisation du piolet, que ce soit pour marcher ou comme outil d’assurage, ou pour arrêter une chute sur névé. La marche avec crampons est aussi abordée, mais la technique de cramponnage n’est cependant pas au coeur de la leçon mais aurait mérité à être approfondie. 

Au col des Plines se trouve une grosse gonfle de neige qui se prête très bien à la simulation du sauvetage en crevasse. Nous voyons donc comment effectuer une mouflage double, ainsi qu’un auto-sauvetage (soit une remontée sur corde), et chaque participant peut s’essayer à ces pratiques et se familiariser avec ces manipulations. 
Nous abordons également brièvement la progression sur des parois de glace, la confection d’un ancrage à l’aide de broches à glace. 
La remontée sur corde ou auto-sauvetage est une manipulation à connaître en cas de chute dans une crevasse sur un glacier, ou même lors de sorties d'escalade de plusieurs longueurs.
Les participants partagent leurs connaissances fraîchement acquises et se coachent entre eux, ce qui contribue à améliorer la qualité de l'enseignement et à une ambiance décontractée.

Après une nuit à la cabane de Trient, ce sera sera direction les aiguilles du Tour pour une petite course qui devra permettre de mettre en pratique toute cette théorie vue les deux jours précédents. 

Malgré le réveil matinal et les yeux encore collés, ils semblent de souvenir comment s’encorder sur un glacier. Ouf, au moins une chose qu’ils auront retenu ces 4 jours!

Blague à part, je suis agréablement surpris par la capacité de mémorisation des participants. Nous avons abordé énormément de thématiques les deux premiers jours, et ils en ont assimilé une grande majorité. Même si leur mise en partie reste toutefois encore une peu lente et sacadée. La pratique, l’exercice et l’expérience permettront de donner une fluidité dans leurs gestes dans un avenir proche, j’en suis certain.

L'arrête Sud des Aiguilles du Tour, une course de difficulté modérée qui se prête bien à la formation.

J’insiste beaucoup sur le fait qu’ils ne doivent pas chercher à aller vite, dans leur première phase d’apprentissage, mais qu’ils doivent faire les choses juste. La sécurité prime toujours sur la rapidité, qui viendra de toute façon lorsqu’ils deviendront des montagnards chevronnés. 

Il faut dire qu’ils avaient déjà tous une première expérience de la haute montagne et de l’alpinisme, ce qui aide grandement à avoir une base sur laquelle étoffer de nouveaux éléments. 
 
Cette première course de mise en pratique de déroule sans encombre, et je suis satisfait des progrès effectués par mes jeunes clients. Les aiguilles du Tour sont une course idéale pour pratiquer les phases 1 et 2, soit la corde courte et les longueurs statiques.
Pour moi, il est primordial que les participants axent leurs apprentissage sur la sécurité plutôt que sur la rapidité.

Nous redescendons à la cabane d’Orny pour pouvoir effectuer une arrête à l’aiguille d’Arpette le lendemain, les étoiles filantes. Cette petite arrête présente la particularité d’altérner des sections grimpantes et de marche dans des gradins, ce qui en fait une course idéale pour pratiquer les phases 1 et 4. 

Les participants pratiquent donc la grimpe en longueurs sur du terrain alpin. C’est intéressant de les voir construire des relais choisir leur emplacement. Tous les éléments nouveaux qu’ils s’efforcent de mettre en pratique rend la recherche de l’itinéraire difficile, la concentration étant accaparée par les manipulations qu’ils doivent effectuer. Il s’ensuit donc quelques erreurs d’itinéraire, ce qui fait intégralement partie de l’apprentissage. Je suis heureusement là pour les remettre sur le droit chemin! Comme le dit l’adage: « c’est en forgeant que l’on devient forgeron! ». 
 
Le maniement de corde sur les itinéraires alpins en rocher.

Cette dernière journée se finit donc bien. Les participants sont contents du déroulement du cours et la matière abordée. Je suis quant à moi très satisfait de leurs rapides progrès, leur recommande de bien pratiquer sur des courses faciles avant de se lancer dans des ascensions plus sérieuses. Et que comme toujours en montagne, la prudence est de mise, et la sécurité centrale!! 

Toujours garder le sourire afin que la formation se déroule dans la joie et la bonne humeur! 😀

Au final, ces 4 jours auront permis aux participants d’acquérir les bases leur permettant de progresser de manière sécurisée sur rocher et glacier. J’aurais bien voulu pouvoir plus pratiquer les techniques de cramponnage et le maniement de piolet, mais le temps n’étant pas illimité, nous avons axé l’apprentissage sur la progression et l’assurage en rocher. Les courses effectuées de déroulaient en effet principalement sur le rocher. 

Bravo à tous les participants pour leur engagement et bon vent dans la discipline passionante qu'est l'alpinisime!

Je trouve super important que les gens qui pratiquent l’alpinisme se forment aux techniques de sécurité. Dans le cadre de mon métier, je vois bien trop souvent des cordées faire n’importe quoi, compromettant leur propre sécurité mais également celle des autres cordées progressant sur la même course. 

J’ai eu du plaisir à transmettre mes connaissances lors de ces 4 jours de formation d’alpinisme. Je trouve très stimulant le fait d’échanger avec des personnes motivées, de leur faire profiter de ma modeste expérience, de structure l’apprentissage et de les voir progresser ! 
 
C’est décidé, l’été prochain j’essayerai d’organiser plus de formation alpinisme sur rocher et sur glace, et pourquoi pas faire cela sur 5-6 jours afin d’avoir le temps pour aborder certaines autre thématiques!