Lorsque Aude me contacte pour réaliser son prmier 4000m, elle a déjà une idée en tête: grimper le Bishorn.
Aude a déjà une première expérience de l’alpinisme, étant donné qu’elle a déjà fait un stage d’initiation avec l’UCPA quelques années eauparavant. Le choix du sommet est donc validé, le Bishorn étant parfaitement adapté à une initiation à un premier 4000m!
Elle souhaite effectuer ce projet avec son père, Guy. Ce dernier a également déjà le pied montagnard, avec deux fois le Mont Blanc à son actif.

Tout est organisé, et nous décidons de nous retrouver le vendredi 4 août en fin de journée directement à la cabane de Tracuit. Ceci leur permettra de monter tranquillement le matin à la cabane pendant que moi j’en profiterai pour abattre une série de dossiers urgents à mon autre travail, qui consiste à passer de longues heures en solitaire devant un écran, et qui, ma foi, se révèle nettement moins excitant que d’escalader des Bishorn!
Au vu de la météo capricieuse, je leur conseille de monter tôt à la cabane de Tracuit. Ce conseil est avisé, ceci leur permettra:
1) de monter avant le gros des précipitations et donc de rester au sec.
2) d’arriver tôt la cabane et de pouvoir se reposer. Le repos l’après-midi contribue également grandement à une bonne acclimatation et à un potentiel succès de l’ascension le lendemain du Bishorn.
Ce conseil s’est révélé être avisé, Aude et Guy ont été contents d’arriver tôt et secs à la cabane de Tracuit!

Pour ma part, je monte en fin de journée, au pas de course. Et quelle n’est pas ma stupéfaction en voyant les conditions en montagne: c’est vraiment l’hiver, pas loin de 15cm de neige sont tombés, et qu’est-ce qu’il fait froid! Les sommets sont saupoudrés de neige, ils ont revêtu leur manteau automnal.
Chanceux, je passe également entre les gouttes, ce qui me permet d’arriver plus ou moins sec pour le souper (il m’arrive quand même parfois de transpirer !). 😉
Nous dégusterons donc le fameux Risotto concocté par la gardienne de la cabane de Tracuit. Les spaghettis Bolognaise seront donc pour une prochaine fois!
Après une bonne nuit de repos, nous démarrons l’ascension dans des conditions vraiment hivernales: brouillard, froid et neige fraîche sont au rendez-vous. Mais cette neige fraîchement tombée créée une ambiance féérique, la lumière finement filtrée par les halos de brouillard , et réfractée par le ciel d’août, illumine les contreforts montagneux de manière spectaculaire. Malgré le froid mordant, nous nous sustentons en contemplant les paysages, ce qui contribue presque à nous faire oublier nos orteils meurtris par le froid.

Aude et Guy étant originaires du Jura, ils pratiquent assidument le VTT et le ski de fond, ce qui en fait d’eux des athlètes invétérés! Nous avalons donc littéralement les 1000m qui séparent la cabane de Tracuit du sommet du Bishorn en quelques heures, et nous savourons une pause bien méritée au sommet, au cœur de la couronne impériale, entourés par tous ces géants que sont le Weisshorn, la Dent blanche, le Zinalrothorn et l’Obergabelhorn.
Je trouve émouvant le fait qu’Aude ait atteint le sommet en compagnie de son père. C’est un sommet qu’elle partage avec lui, et qui en fait un événement spécial et marquant. L’émotion est donc palpable, je suis content d’avoir rendu l’ascension de ce sommet du Bishorn possible.
Le métier de guide est gratifiant sur ce point. Il permet d’être l’acteur de la réalisation des rêves de nos clients.
Et finalement, il nous propulse aussi dans une myriade d’émotions et de sentiments qui nous font nous sentir réellement vivants.
Quel contraste avec mon métier d’ingénieur, fait de platitude et de routine! Ces deux activités se complètent vraiment bien.
La descente se déroule sans encombre, les physique hors norme de mes deux acolytes nous permettra de crusher le record sommet-cabane dans une cordée clients -guide (j’exagère, mais pas beaucoup! 🙂 ).

Au final, ce sera un moment particulier que nous aurons vécu. Les conditions très automnales de ce mois d’août auront contribué à rendre cette ascension du Bishorn toute particulière ! Le contraste de ces sommets enneigés avec la végétation luxuriante de la plaine en période estivale est saisissant !
C’est donc un joli entremède qui nous a été offert, une belle immersion dans ces montagnes enneigées, même si je suis content de retrouver la vallée, sa chaleur, son vivant, et de m’extirper du monde essentiellement minéral que constitue la haute montagne!

Et vous, quel est votre rêve de prochain sommet à gravir!?! 🙂